La SNIPE – La Presse et Essahafa a accompagné l’histoire contemporaine du pays. C’est une institution qui fait partie de l’identité tunisienne, de la conscience collective, du patrimoine. Ce dont elle a besoin, c’est d’un projet. Un projet dont le cœur est le métier de journaliste. Ce cœur de métier doit être préservé, c’est ce qui sauvera nos deux journaux.
Hier, les employés de La Presse et Essahafa, toutes catégories professionnelles confondues, ont observé un sit-in dans les locaux du journal. Les équipes du matin et même une partie de celles du soir se sont réunies pour demander des explications au président-directeur général sur le contenu de l’édito perçu comme injurieux et offensant qui a été publié dans « le journal » du 18 janvier, celui-là même qui a brisé la grève par le fait d’une poignée de personnes.
Par conséquent, lundi, tout le monde espérait que le P.D.G. jouerait la carte de l’apaisement, réunirait le rédacteur en chef, les représentants des journalistes, du syndicat et des autres structures de l’institution qui étaient présents pour ouvrir le dialogue et essayer de trouver une issue à la crise. Rien de tout cela n’a été fait. Pire encore, une décision a été prise de nommer un directeur de la Rédaction de La Presse.Or, cette nomination a posé problème. Elle a été faite sans l’adhésion de l’ensemble des journalistes, techniciens, agents de l’administration, de l’imprimerie qui avaient fait savoir, préalablement, leur refus. C’est un refus qui ne concerne pas la personne mais qui concerne le procédé. Dans une situation de crise ouverte, on ne procède pas à la nomination d’un directeur sans dialogue préalable. Cela ressemble à un bras de fer. Si La Presse s’enfonce dans le bras de fer, ce n’est dans l’intérêt de personne.
Le bruit de la nomination s’est répandu. Il ne fallait pas plus pour que tout le monde se mobilise et scande ses revendications à haute voix. Refusant tout dialogue et de sortir de son bureau, le P.D.G. a fait appel aux forces de l’ordre, venues en civil, pour tenter de calmer les esprits et trouver une solution. Rien n’y fait.
Cette situation explosive a empêché tout le monde de travailler dans la sérénité pour produire un contenu digne de ce nom et publier un journal de qualité soutenu par une famille soudée et solidaire, ignorant les accusations non fondées dont elle a fait l’objet. Cette famille traitée de « forces du mal » semble très affectée mais continue à faire son devoir. Le journal, comme vous le constatez, est publié aujourd’hui. Malgré la colère et l’amertume ressenties par tout le monde, malgré les promesses non tenues, malgré les conditions de travail difficiles, le manque d’équipement, les rétributions non versées, malgré l’absence de dialogue.
La Presse a accompagné l’histoire contemporaine du pays. C’est une institution qui fait partie de l’identité tunisienne, de la conscience collective, du patrimoine. Nous y tenons et la défendrons. Ce dont a besoin La Presse, c’est d’un projet. Un projet dont le cœur est le métier de journaliste. Ce cœur de métier doit être préservé, c’est ce qui sauvera le journal.
Les équipes de La Presse et Essahafa
Liberte
21 janvier 2020 à 12:30
Le principal travail d’un journaliste est l’investigation, il faut dénicher des scandales, des corruptions, des bavures que les services publics nous cachent. Bref on vous demande pas de nous résumer le JT du soir en étant assis sur votre canapé confortable, alors le travail se fait sur le terrain et nous sur internet.